L’approche de la prévention ne doit pas être perçue exclusivement comme une approche de la santé publique. Elle est aussi promotion du lien social et promotion de l’éducation à la citoyenneté.
La dimension éthique de la prévention part d’une vision globale de l’individu. Elle devra donc agir à ces trois niveaux : le contexte social et culturel, l’environnement de proximité et, enfin, l’individu. Il n’y a pas de hiérarchie dans ces facteurs d’influence, mais une interaction permanente.
Il s’agira de développer, dans une démarche positive, des facteurs de protection individuels dans une société qui ne cesse de proposer des produits de plaisir et sources d’addiction. Car si la loi protège et arbitre les relations individuelles et collectives, ne peut régir les rapports de l’individu avec son corps.
Les interventions ne peuvent que s’appréhender dans la durée. L’action se conduit par étapes, car la prévention est plus une attitude qu’un message. C’est une démarche qui s’inscrit dans un intérêt manifeste pour l’individu et dans le respect de sa dignité. La personne est regardée comme le sujet de son histoire et de son propre devenir, et considérée dans sa situation sociale particulière et dans son contexte affectif et relationnel. De fait, l’addiction, ou le risque d’addiction, dont elle est l’objet ne peut être considéré comme définissant à elle seule, la personne.
Il faut l’accompagner dans une prise de conscience des facteurs méconnus qui influencent un comportement (situation sociale, psychogenèse familale…) et l’aider à repérer les ressources dont elle dispose ; à les valoriser, de façon à retrouver une estime de soi.
Cette position éthique oriente notre approche de la prévention : les comportements ne sont pas figés et nous considérons que la personne est toujours en capacité de changer, de modifier ses perceptions et ses comportements.
L’intervention des professionnels a pour but d’aider la personne à prendre conscience de ses ressources et de ses capacités à faire des choix favorables à sa santé, à s’adapter aux événements qui surviennent dans sa vie. Pour ces raisons, les protocoles d’intervention excluent tout jugement moral, et se situent en-dehors du contrôle, de la répression et du dépistage obligatoire.